lundi 31 août 2009

Berceuse secrète




J'aurais aimé lui offrir pour ses trois ans, y glisser son Eglantine dans sa petite chemise de nuit à fleurs, sous un douillet édredon, à peine cachée par le voile de coton retombant de la flèche. Mais celui que j'avais repéré et que je surveillais sur la page des enchères à été mystérieusement retiré de la vente avant que j'aie pu lancer mon offre avec l'espoir de faire de ce berceau un havre pour poupée. Les semaines ont passé sans objet similaire, juste quelques Moïses trop semblables à celui de sa soeur, quelques bercelonnettes qui ne me donnaient pas envie d'y déposer celle qu'elle appelle "sa petite". Et puis il est arrivé un matin, plein de cette promesse d'être nôtre. Je l'ai surveillé de près, agrandissant les photos qui me permettaient de faire sa connaissance, cherchant les petits défauts, vérifiant que c'était vraiment lui que je voulais offrir. L'attente a été longue, faite parfois de nuits bousculées par la raison qui cherchait une limite à mon désir, une limite qui se convertit en euros, qui tente d'assurer l'acquis sans frôler la folie. J'ai tremblé souvent en voyant le prix flamber à grands sauts, faisant défiler les dizaines et puis se calmer plusieurs jours durant sur un montant dont je ne savais plus quoi penser, parce que seul comptait mon espoir de dépasser la limité inconnue de mon adversaire invisible. Tiraillée entre la certitude de ne pas oublier l'heure de la fin de la vente et la peur d'être empêchée d'être là au moment où il me faudrait agir, j'ai croisé les doigts et fixé définitivement ma limite avec la résolution de ne plus en changer. C'est en bonne compagnie, dans une jolie maison, que tout s'est joué, que le marteau virtuel s'est abattu sur mon enchère, faisant du berceau tant regardé de loin le projet de menus travaux de couture et de restauration.
Le gros carton est arrivé un matin. Un morceau de pied en fer forgé dépassait par un trou malheureux dû au transport. J'ai guetté un moment de solitude à l'heure du bain pour l'ouvrir et le regarder, superposant ce que j'avais vu sur les photos et ce que je tenais enfin entre mes mains. Il faudrait changer la cordelette de la nacelle et apprendre à la tisser de la même façon. Il faudrait coudre un matelas, la parure et un voile à suspendre sur la flèche. Il faudrait aussi peindre le fer forgé en parfait état, visiblement encore brut. Peut-être n'a-t-il jamais été peint, peut-être n'a-t-il jamais bercé ? Sa nouvelle vie commence chez nous, dans la chambre d'une petite fille qui le recevra pour son entrée à l'école maternelle. Il retrouvera les mouvements de berceuse qu'il a peut-être connus jadis ou naguère, sous les mains d'autres enfants qui ne sont plus, des enfants nés sans doute avant ma propre grand-mère, dans une famille aisée, probablement dans une grande et belle maison où flottaient de longues robes avec de la dentelles et des étoffes précieuses. Il a peut-être bercé de délicates poupées en porcelaine, si fragiles et si rares. J'aurais aimé voir sa première parure et tous ses détails pour tenter de lui rendre sa première tenue d'antan. J'ai coupé le reste d'un drap usé monogrammé pour coudre un édredon et j'ai ajouté une chute de broderie anglaise ancienne un peu jaunie. J'ai attendu le sommeil de la demoiselle pour, chaque soir, sortir les pièces en fer, ponçant et peignant en cachette les volutes du pied et la flèche vrillée, avec le reste de peinture blanche légèrement teintée de parme qui avait servi à la banquette et au bureau de la chambre rose. J'ai tissé le cordage de la nacelle en prenant modèle sur celui d'origine devenu marron ; en desserrant les noeuds pour mieux les imiter, on pouvait retrouver la teinte ivoire des premiers jours. J'ai hésité longuement avant de me décider pour un vieux drap ajouré et un voile de coton blanc, un peu de broderie anglaise et un fin ruban de satin mauve pour rappeler la nouvelle teinte du fer forgé. Maintes fois, j'ai jeté un grand morceau de tissu sur mon ouvrage pour le cacher. Maintes fois aussi, j'ai sorti le berceau de son carton pour ses essayages, glissant parfois la poupée sous le petit édredon pour rêver du jour où la mise en scène deviendrait réalité. J'ai regardé la photo qui m'avait séduite, souvenir du temps pas si éloigné où il n'était pas encore à nous, encore nu et inconnu, et j'ai eu la joie de voir que sa nouvelle toilette le rendait chaleureux. Il reste quelques jours pour, peut-être coudre une jolie chemise de nuit toute blanche pour la poupée et sa petite maman, les mêmes quelques jours qui nous séparent de la rentrée, la toute première d'une longue, bien longue série...







lundi 24 août 2009

Pensons la Capucine




Elle m'avait vue donner vie à la première poupée, celle qui aurait dû être sienne et qui ne l'a pas été parce que son anniversaire était derrière elle et que je voulais que ce soit une surprise, un joli cadeau pour une grande occasion. Elle m'avait vue choisir les tissus et les couper pour Eglantine, ce cadeau tant attendu par sa petite soeur pour ses trois ans. Souvent, elle parlait de Capucine, cette inconnue réduite à l'état de morceau de jersey et de laine cardée que je n'avais pas encore achetés. Le prénom était choisi. Et la teinte des cheveux ; blonds évidemment, comme les siens, mais il n'était pas question qu'elle ait des yeux couleurs de noisettes ; non, ils seraient bleus, comme ceux qu'elle n'a pas et qu'elle aurait rêvé d'avoir. Elle aurait aussi une robe bleue, dans cette petite chute de liberty qu'elle avait vue au fond du grand sac pleins de pièces qui riment avec "ça peut servir". Je l'avais gardé précieusement, ce petit morceau, en pensant à la fameuse tenue de celle qu'il me faudrait créer, je ne savais pas quand, je ne savais pour quelle occasion... J'ai croisé son regard le jour de l'anniversaire de sa petite soeur, au moment où la poupée est sortie de son sac en tissu. Elle a détaillé chaque tenue, aidant les mains moins agiles que les siennes à passer les bras dans les manches et les jambes dans les trous. Elle avait quelque fois encore prononcé le prénom de son absente et cherché à haute voix l'événement qui lui permettrait de la serrer dans ses bras... Peut-être Noël ou, plus tard encore, ses sept ans... Cela faisait beaucoup de doigts sur les mains pour le compte-à-rebours. J'avais une autre idée, une petite étincelle que j'ai gardée secrète... J'ai laissé passer des jours sans trouver l'élan pour commander le nécessaire. Je doutais un peu de pouvoir refaire une copie d'Eglantine, pas totalement conforme, mais pas difforme non plus. Une poupée avec son caractère, son propre sourire, un air un peu plus mature, un peu plus grave peut-être, un visage un peu plus rond et des yeux plus grands. Oui, j'avais peur de ne plus savoir comment aligner les points et cette fois, personne ne pourrait guider mes premiers pas pour façonner la tête... C'est elle qui est allée chercher le petit carton dans la loge de la gardienne. Toute au bonheur de tendre le morceau de papier à la dame derrière sa fenêtre pour recevoir le colis, elle n'a même pas cherché à savoir ce qu'il contenait, juste déçue qu'il ne fut pas pour elle. Alors elle est partie jouer dans sa chambre. En cachette, j'ai ouvert le paquet, découvert la grande aiguille impressionnante, le jersey couleur chair et le sac de laine vierge cardée. Je n'ai pas pu attendre d'avoir à m'en servir pour plonger la main dans ce nuage étrangement odorant et j'ai su à cet instant que, dès qu'elle serait couchée, je couperais les pièces de sa poupée, travaillant à la lueur de la lampe du salon avec cette ivresse de le faire en secret, comme on coud la robe d'une mariée qui ne se montre que le jour J. Sans trop réfléchir, j'ai retrouvé les gestes pour donner forme à la tête et dessiner le visage. Naïvement, je me disais qu'en répétant parfois le prénom de la poupée, les traits s'imposeraient sous mes mains. J'aimais bien cette idée, même si ma raison continuait de guider mon aiguille pour éviter les défauts. Je n'ai pas pu me contenter de son sommeil, j'ai aussi pris des risques en sortant l'ouvrage en plein jour, le cachant parfois à la hâte sous ma jupe en l'entendant me rejoindre, elle qui était désormais certaine que sa poupée la rejoindrait à Noël, prête à attendre encore quatre mois, regardant par-dessus mon épaule les modèles que je trouvais, ça et là pour me rassurer sur l'harmonie de celle à laquelle je donnais vie, point par point... Elle s'appelle Capucine. Ses yeux sont bleus, comme ceux que sa maman n'a pas. Son sourire est timide et ses joues rondes et roses, comme une petite pêche bien mûre, un petit fruit de la fin de l'été. Elle n'a pas encore tous ses cheveux mais ils pousseront vite. Bientôt, elle aura une tenue avec du liberty bleu, sans doute un gilet assorti et peut-être des chaussons. Elle sera rangée dans un sac brodé et elle attendra le grand jour, celui que je redoute un peu, enjolivant, grâce à la surprise qu'elle réserve, l'inévitable rentrée scolaire...

vendredi 21 août 2009

Grroin pour mère et fille



Gilets pur Grroin (faits au pif)
pour Eglantine et sa maman
qui ne l'a pas encore essayé
pour cause de vacances avec son papa,
pendant que sa soeur et un de ses frères
vivaient une drôle d'aventure
racontée ICI...
et LA...
Un autre Grroin est en cours
pour l'autre demoiselle de la maison...
Demain j'arrête ! (même pas cap !)



dimanche 16 août 2009

Arg !


Nouvelle addiction...
Privées machine à coudre,
mes mains ont opté
pour les aiguilles à tricoter
.
Petit GRR pour Eglantine...
(Laine acrylique, aiguilles N°3,5,
25 mailles au total,
1 jeté à 8 mailles,
1 à deux mailles du bout du rang)

Essai en cours pour sa maman...

En espérant avoir suffisamment de laine !

samedi 8 août 2009

Quand Jean-Claude rencontre Susanne...

L'encolure étant un peu large
pour la demoiselle,
j'ai ajouté un petit pli creux aux épaules.

Patron Susanne de chez Citronille.


vendredi 7 août 2009

Pour la saison prochaine


Deux pantalons en milleraie gris
pour aller avec les tuniques...

Modèle des Intemporels
mais avec des poches arrondies




jeudi 6 août 2009

Chutes de l'histoire...


Avec les restes des tuniques roses à fleurettes,
un petit modèle pour Eglantine,
habillée comme sa petite maman...
Je mettrai quelques patrons pour poupée
sur mon blog au retour des vacances,
si cela vous intéresse !

mercredi 5 août 2009

Merci qui ?


Trousse avec compartiments
pour ranger les crayons...
Ranger ?? c'est le mot clef de ces vacances !!
Merci Albine !


mardi 4 août 2009

Tuniques pas uniques



Deux tuniques coupées dans un mètre de tissu...
ou comment jouer à Tétris
avec un coupon et deux patrons !

Les soeurs sont ravies...
et il ne reste que quelques chutes,
tout juste de quoi faire des barrettes
ou un vêtement de poupée !



Patron bidouillé d'après le modèle
de la tunique à encolure boutonnée des Intemporels. Fermeture au dos par un ruban de satin.


lundi 3 août 2009

Histoire sans paroles




L'anniversaire... La rencontre...

Recette pour bien ranger




Dans la série des emballage en plastique
qui ne tiennent pas la route :
le sac pour dalles en mousse
qui a servi de bateau et fourre-tout,
valise et chapeau...
Paix à son âme
et bienvenue au sac en toile de Jouy,
cousin germain du sac à Lego !
Les enfants sont prévenus :
plus d'excuses pour le désordre !




Et pour répondre à Sophie la Styliste :
Oui, il peut servir de bateau !
La preuve en images !



samedi 1 août 2009

Petit détail

Deux petits liens pour le pantalon
dans le tissu de la tunique

pour parfaire l'ensemble.